Assaut / Assaut sur le Central 13 : Une analyse de remake (Partie 1)

ASSAUT (1976)
ASSAUT SUR LE CENTRAL 13 (2003)
Une analyse de remake (Partie 1)

L'intérêt de comparer Assaut de John Carpenter et Assaut sur le Central 13 de notre Richet national (Nom originel du film de Carpenter) revient à se poser la question suivante : Un remake peut-il apporter autre chose qu'une simple relecture moderne d'une ambiance désuète ? Les vieux jeux ne sont pas forcément ceux que l'on croit.

Le remake (re-make, re-fabriqué, re-faire, re-prout la plus part du temps) est une histoire plutôt fascinante. Depuis maintenant plus de 30 ans les remakes se réalisent à la pelle, de la science-fiction, à l'horreur au film dramatique ou au porno (génial Pyramides avec Tania Russof) le remake est pour beaucoup un acte financier résumé par le simple diction des familles : faire de la maille.

La vérité est certainement ailleurs comme tend à le prouver l'Histoire avec un grand H. Dès les années 70 de nombreux remakes sont initiés via l'attitude ultra cinéphile de réalisateurs aussi éclectiques que Carpenter ou Cronenberg. Une nouvelle vague de bisseux piqués à la pellicule qui déroge à la règle d'or du « nouvel Hollywood ». A savoir pelocher autre chose que du film d'auteur. Une attitude très différente de leurs cadets; permettant à ces réalisateurs de mettre en œuvre un remake de leurs films préférés sous 3 angles bien distincts. J'ai nommé la qualité, le langage cinématographique ou encore les différences culturelles



De ces 3 points dictatoriaux du cinéma de remake se démarquent de nombreux œuvres issues du cinéma de genre ou du désespérant auteurisme. Pour exemple le troublant court-métrage La Jetée fut repris sous les airs démentiels de Terry Gilliam avec l'Armée des 12 Singes. Autre exemple, La Totale de Claude Zidi muté en un True-Lies avec Swcharzy en vedette (face à un...Thierry Lermitte). Qu'importe, les transferts de films du vieux vers le nouveau continent métamorphose l’œuvre originale : cultures, points de vue, ambiances et influences différentes accouchent d'une œuvre originale sensiblement différente. Qui peut avoir l'effet d'une bombe ou d’un pétard mouillé pour le spectateur lambda. Qu’il soit d’ici ou d’ailleurs.

D'autres parts, ces 3 écarts permettent d'établir un constat : un remake peut se différer de son aîné (en bien ou en mal) si les thématiques y sont développées via un réel point de vue. Tout langage cinématographique peut évoluer : autre époque donc autre style. Un réalisateur peut se permettre de tourner un remake de Scarface version Howard Hanks avec une caméra HD et non 35mm s’il en est. Ou un remake du Monde, La Chair et Le Diable se devra d'évacuer toute connotation politique liée à la guerre froide car intimement liée à une époque, un lieu, une ambiance (paranoïaque pour le coup) : les années 50. 



Les merveilleux remakes que sont The Thing de Carpenter et la Mouche de Cronenberg en témoignent : influences, époques, ambiances, tons, effets spéciaux, dialogues, caractérisations des personnages. Tout découle d’un style propre à leurs époques. Pour le coup Carpenter possède déjà une idée ultra précise des choses quand l'idée lui vient en tête de remaker La Chose d'un Autre Monde : The Thing version 1982. En effet, le gadjio s'est déjà entrainé sur la chose puisqu'Assaut est lui même une re-lecture d'un célèbre western pan-pan pro-ricain dont nous serons amenés à parler rapidement.

Celui-ci embellira donc la notion de remake avec The Thing; et le film est encore à ce jour considéré comme le graal du genre. Adulé de tous les êtres vivants de la galaxie. Une re-composition parfaite sur tous les aspects, le film tire son épingle du jeu sans renier son ainé pour un sous.

La volonté cinéphile y est pour quelque chose, mais nous y reviendrons plus tard.


Assaut sort en novembre 1976 sur le sol Américain avant de s'entasser dans les salles doubles programmes des capitales culturelles européennes où il s'y fera un nom. Devenant au fil des années un objet de pop culture culte.  John Carpenter, fraichement rincé de Darkstar qu’il réalise avec ses pots (parmi eux Dan O’Bannon, scénariste d’Alien quand même. Paie ta bande de génies) décide de mettre en boite pour 100.000$ en 20 petits jours sa relecture d’un western saigné durant sa jeunesse.

A savoir un remake non approuvé de Rio Bravo. Le pitch : Prisonniers et policiers sont cernés par au sein d'un commico bien sale et seront amenés ensemble à repousser les assauts –donc
 extérieurs de gangsters aux âmes étrangement zombifiées.

Film d'une simplicité exemplaire, aux mouvements de caméras minimalistes (mais d’une beauté rare), aux échanges d’une classe inouie (scène du café, le plan final, la scène du bus, bref tout);
Assaut se démarque sous l’étiquetage d’un western moderne avant toutes choses. Carpenter répond à une simple règle d’or : ne jamais cracher dans la main de son ainé. Le film dévoile dès ses premières secondes l'état d'âme franchement détestable de la société dans la qu'elle il est établi : le Los Angeles décrit par Carpenter est alors forcément différent de celui de Hanks.
Autre époque, autre style encore une fois. Sans ajouter les nombreuses ambiances glauques que Carpenter insuffle à son récit, à la limite du fantastique. 




En avance sur son temps de trois siècles vis-à-vis des mœurs Américain d’antan (le héros/flic est un afro-américain qui est sorti des bas-fonds, le méchant/anti-héros un blanc se nomme Napoléon), Assaut pourrait voir le jour aujourd’hui, la peloche serait considérée à juste titre comme un classique instantané. L’incroyable travail de ton y étant pour beaucoup, moderne, naturel, intemporel. 40 ans après, le film n'a jamais semblé si novateur.

Outre l'ultra réalisme des scènes et réactions de ses protagonistes, Assaut reflète clairement les années 70 américaines. Reflet d'une société toujours sur ses gardes, à l'intégration de minorités tardives et d'un renouvellement des moeurs Américains. A coups de contre exemple, le personnage central y est donc un lieutenant afro-américain complètement intégré, d'une classe imparable, et figure mythologique du héros jusque l’ultime scène. 



Pour autant le film ne se veut en aucun cas un film de contre-culture réactionnaire (contrairement à la Nuit des Morts-Vivants, film dont Carpenter puise certaines inspirations qu'il reconnaît au sein même d’Assaut). Sans jamais pointer du doigt (là où d’autres auraient sali la pellicule de leurs guimauves); le film fait preuve d’une incroyable maturité. Sous-jacentes à souhait, les différences liées aux moeurs de l'époque sont instaurées au plus tôt dans l'histoire afin d'éviter tout discours politique. Intension des plus honorables et rarement égalée au sein du film de genre. Et de tout film tout court bordel. Chef d'oeuvre intergalactique, Assaut souffle ses 41 jeunes bougies cette année. 


En 2003 est anticipé le remake de Assaut via Jean François Richet, réalisateur Français qui n'a à son actif que trois petits films français dont le célèbre Ma 6-T va Crack-er. Des films plutôt engagés dont le réalisateur ne se cache pas par ailleurs le contenu ultra politique. L'étrange choix de ce réalisateur pour le remake d'Assaut se projette pourtant...La French touch d’un cinéphile aussi endurci que Richet pourrait faire mouche.

Mais contrairement à La Mouche de notre Cronenberg justement citée, la catastrophe figurée aura lieu. 


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